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VI

     Ravagé par une guerre millénaire, contre un ennemi invisible, insinué au sein même des plus hautes instances gouvernementales, l'Univers était tombé sous le joug de petites limaces aux cheveux d'algues.

Mais un homme arriva pour stopper ça...

***

 

     Comme à chaque briefing, Édouard Michael se tenait debout au fond de la salle. Ces centaines d'années à bosser en Enfer ne l'avait pas changé physiquement, mais il avait l'air d'avoir un visage plus sombre que celui qu'on lui connaît.

     Lucifer entra dans la pièce, sous des tonnerres d'applaudissements, des explosions et des gerbes de flammes. Les démons gueulaient ''Satan ! Satan !''. Il avait décidé de changer de nom, car il trouvait que l'autre faisait ''tapette''. On pouvait dire que ces années à la tête de l'Enfer lui avaient monté à la tête, et ça l'avait vraiment changé.

     Il avait échangé son costume blanc immaculé pour un short en jean troué et gardait son torse nu, bodybuildé, bestial. Son teint blanc avait aussi laissé place à une couleur rouge sang, qui montrait bien la colère et la rancune qu'il avait contre son père, le paradis, et tout le monde en fait.

     C'est cette rage qui le faisait se lever tous les matins.

     Il avait aussi changé de coiffure, fini les cheveux soignés avec la raie sur le côté, maintenant il avait deux grosses cornes sur le front, et une petite barbichette(1).

     Après qu'il est fait taire ses démons par son habituel ''Vos gueules !'', le briefing pouvait commencé.

''D'abord, le plus important : Asmodée, les nouvelles putes sont bien arrivées ?''

''70 putes flambant neuves !'' répondit le questionné.

     Et un tonnerre d'acclamations et de rires s'éleva(2). Satan laissa faire, puis repris la parole.

''Allez, un peu de sérieux putain ! Mammon, on en est où en âmes ?''

''Augmentation de 6,66% sur le siècle dernier, un chiffre plutôt bon. Et la puissance recueilli a elle aussi augmentée grâce à une torture plus ciblée et plus personnelle de chaque âme.''

     Alors que l'Enfer sous le règne d'Hadès se contentait de laisser les âmes flotter dans le Stix, jusqu'à ce qu'elles passent dans le barrage hydroâmique pour y récupérer l'énergie dégagée, Satan avait un système au rendement plus efficace. Ses chercheurs avaient découvert qu'une âme torturée permettait de récupérer jusqu'à 42% d'énergie en plus, et point non négligeable, une fois bien torturée ces âmes pouvaient devenir des démons qui venaient agrandir son armée infernale.

''Belzébuth, où en est notre armée de petits salopards ?''

''On en est à 555 légions de 666 soldats, et l'entraînement se passe à merveille mon saigneur. Je peux vous assurer qu'ils seront tous fin prêt à saigner de la guimauve d'humain et de la tapette d'ange.''

''Excellent...'' dit simplement Satan en confrontant ses doigts les uns contre les autres.

     Le briefing fut suivi du traditionnel buffet, que tout le monde pouvait venir exploser à coup de masse et autres armes contondantes. Tout le monde buvait des chopes de sang de vierge, sacrifiées en leur honneur par des humains. Seul Édouard Michael buvait un potage à la tomate de la machine à café, le seul vestige qu'il avait sauvé de la ''rénovation'' de l'Enfer.

     On peut dire qu'il dénotait pas mal avec les autres lieutenants de Satan, qui étaient tous des dieux des temps anciens. Mais tous le respectaient quand même, parce qu'il était celui qui les avait capturés et enfermés dans les geôles d'Hadès. Il était assurément le plus balèze d'entre eux, et même si tous ses collègues souhaitaient le détruire et prendre sa place, en tant que bras droit de Satan, ils ne tentaient rien. Même dopés aux âmes et tous ensemble, ils ne savaient pas si ils leur étaient possible de battre Édouard Michael.

     Il quitta le buffet avant même qu'il ne soit totalement explosé, et retourna au boulot. En allant à sa salle de torture il passa devant ce qui fut le Stix, maintenant remplacé par une rivière de lave. Sur le chemin il récupéra le dossier de la prochaine âme à torturer. C'était un de ces artistes, saltimbanques, dont la musique, en enchantant son auditoire, lui avait fait briser une des règles de Dieu : faire oublier aux gens, pendant un instant, son existence.

     Son nom était Antonio Vivaldi.

​

​

1) En réalité c'était un bouc postiche, malgré toutes ses évolutions il n'avait pas réussi à se débarrasser de sa nature imberbe d'ange.

2) Après qu'un médecin est atterri en Enfer, il a installé un pénis toutes options sur mesure à Satan.

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