III
On atterri près d'elle, guidé par Édouard Michael. Même là, on avait du mal a vraiment la voir. En même temps, j'aimerai bien vous y voir vous, c'était une créature entièrement constituée d'eau et elle se trouvait sur la Mer d'Aral. En réalité, quand on y regardait bien, elle était même directement créée avec l'eau de la mer.
Pendant que Édouard Michael la dévisageait en l'étudiant, Paul La Montagne s'est approché. Il repositionna sa serviette autour du cou, lissa sa moustache et dit :
''Bonjour ma demoiselle, permettez moi de nous présenter. Voici mon grand ami Édouard Michael, mon petit assistant Nigel, et moi même Paul La Montagne.''
Elle fixait toujours Édouard Michael. C'est du moins ce que je me disais, il était difficile de voir où cette créature sans pupilles regardait. Puis un son a résonna dans ma tête. C'était assez gênant. Et je me suis rendu compte que c'était cette entité qui parlait dans ma tête. Comme le professeur Xavier. Le problème c'est que je ne comprenais pas ce qu'elle disait. Mais ça ne semblait pas être un problème pour Édouard Michael apparemment, car il lui répondit :
''Très enchanté également. C'est un beau petit monde que vous avez là.''
''Oh oui, on peut dire qu'il y a du monde au balcon.'' me chuchota Paul La Montagne.
''Non, je parle du microcosme de la Mer d'Aral. Un univers entier à l'échelle microscopique qu'elle abrite en son sein.''
''Qui sont très beaux également.'' renchérit Paul La Montagne.
Deux choses sont sûres, Paul La Montagne savait de quoi il parlait, et Édouard Michael avait véritablement une vue très perçante pour arriver à voir un monde microscopique.
Nous avons continué notre discussion avec l'entité, grâce à Édouard Michael qui nous servait d’interprète. On a alors appris que l'entité ne faisait pas parti de la Mer d'Aral, mais qu'en réalité elle était la Mer d'Aral. De sa personne était né tout le microcosme qui l'habitait.
Nous avons alors commencé une discussion très philosophique sur ce grand pouvoir de création que possèdent les mers. Et la grande responsabilité qui en découle. Parce qu'on a ce pouvoir, est-on vraiment obligé de l'utiliser ? Sommes nous préparé à l'utiliser ? Les raisons qui nous poussent à le faire sont elles justifiées, ou égoïstes ? Car avons nous vraiment envie de créer, ou sommes nous juste poussé par une pressions sociale quelconque ?
D'autres entités de son espèce ne sont pas ''pro-créer'', et ont décidé de rester tranquille. C'est le cas par exemple de la Mer de la Tranquillité sur la Lune.
Tout ça m'a donné bien envie de voir à quoi pouvait ressembler la création de la Mer d'Aral. D'aller visiter son intérieur en somme. Et Paul La Montagne était bien d'accord avec moi. C'est pourquoi il a sorti son gros engin.
Car oui, pour aller dans le microcosme de la Mer d'Aral, il nous fallait être capable de se rétrécir à l'échelle quantique. Et ce n'est pas chose aisée. Heureusement, Paul La Montagne et moi même revenions du Colorado où nous avions emprunté une machine à rétrécir.
J'avais entendu parlé de ce scientifique, le professeur Szalinsky, et de sa machine à rétrécir les gosses. Cette nouvelle avait fait les gros titres des journaux, et fait trembler tout le Québec. Ça a tout de suite intéressé Paul La Montagne. Il avait dans l'idée d'utiliser cette invention pour pouvoir se rétrécir avec une caméra, et ainsi filmer des super gros plans.
Avec cette machine on avait donc le pouvoir d'aller visiter la Mer d'Aral, mais il fallait encore son autorisation. Je m'en serais voulu de visiter son jardin secret sans son consentement. De violer son intimité. Mais elle a simplement répondu que si elle a créé son microcosme avec des créatures possédant leur propre libre arbitre, c'était pour qu'ils se développent d'eux même, en harmonie, et pour qu'ils puissent devenir quelque chose d'unique, et de simplement magnifique1. La venue d'êtres extérieurs ne pouvaient leur être que bénéfiques. Et de son point de vue, si on avait le pouvoir de se rendre dans son monde, il fallait juste l'utiliser2.
L'idée d'un microcosme au sein de la Mer d'Aral avait titillé ma curiosité, mais ce qu'elle venait de révéler avait maintenant capter mon attention. Un univers entier, peuplé de créatures inconnues, nous attendait à deux pas. Il était temps de faire chauffer la machine et de partir faire du tourisme.
Une fois le bouton enclenché, et avant de rapetisser, on a juste eu le temps de dire ''Hasta la vista !''
1C'est sûr qu'un monde évoluant en harmonie ce serait quelque chose d'unique.
2Le raisonnement est pas compliqué en même temps.