IV
Un instant plus tard nous faisions une toute autre dimension. L'action de rétrécissement avait été assez bizarre. Nos sens se remettaient doucement. Mais étant habitué à être petit depuis mon enfance je n'ai pas été affecté très longtemps.
Édouard Michael non plus apparemment, car il était déjà accroché à une sorte de bulle. Le même genre qui flottait un peu partout autour de nous. Il se dirigeait vers une boule beaucoup plus grosse, qui ressemblait à une sorte de planète.
Au moment d'aller le rejoindre, je me suis rendu compte que nous flottions, dans ce qui semblait être rien. Et que tout semblait uniformément illuminé sans que je ne puisse trouver la source. Paul La Montagne m'attrapa, perché sur une autre bulle, et on a suivi Édouard Michael.
Arrivé près de la planète, on a sauté avec assez de puissance pour atteindre le sol. Celui ci se trouvait être plutôt mou, et la gravité semblait tout juste assez forte pour nous retenir.
Édouard Michael semblait savoir où il allait, donc on a continué à le suivre. Tout naturellement on arriva à ce qui ressemblait à un saloon. Quand on a passé la porte à battant, une constante universelle, tout le monde s'est tût et s'est tourné vers nous.
''On aime pas trop les gens dans votre genre par chez nous.'' nous dit une sorte de crocodile violet au nez plat, et avec trois tentacules gesticulantes à la place de chacun de ses bras.
''On ne veut pas d’ennuis, on veut seulement s'en jeter un'' dit simplement Édouard Michael en s'approchant lentement du bar et en levant les mains.
''Y'en a t-il parmi vous qui serait partant pour une petite partie d'Apéros ?'' continua t-il.
La porte du saloon se rouvrit derrière nous, dans un grincement typique, et on entendit :
''Tiens, tiens, tiens... qu'est-ce que c'est que ce remue ménage ?'' dit une sorte de champignon poilu en fronçant les sourcilles.
Paul La Montagne est allé s'accroupir près du champignon, afin de se mettre à sa hauteur et de lui dire :
''Il y a ici un terrible malentendu. Nous souhaitons simplement nous désaltérer mes amis et moi.''
''Tu parleras quand on te dira de parler. Je suis le shérif ici, c'est moi qui décide c'est moi le chef.'' dit il en désignant le bonnet rouge qu'il portait et qui devait signifier qu'il était effectivement le grand chef.
''Ces étrangers se prennent pour des petits malins à ce qu'on dirait.'' continua t-il. ''Allez les gars, montrez à ces étrangers de quel bois on se chauffe par ici.''
Tout les gens du saloon sortirent des battes, et se rapprochèrent de nous jusqu'à nous encercler. Il restèrent un moment comme ça, l'air patibulaire, et l'un d'eux dit finalement en montrant ça batte :
''Voilà, c'est avec ce genre de bois qu'on se chauffe. Je ne sais pas si vous souhaitez rester longtemps, mais prenez ça avec vous, l'hiver peut être rude dans la région.''
Il tendit sa batte et Paul La Montagne l'attrapa avant de me la donner. Édouard Michael était déjà accoudé au bar, en train de parler avec le barman, une sorte de singe à trois culs avec de la fumée rouge qui lui sortait des oreilles. Il lui demandait ce qu'il y avait comme quête à faire dans la région.
Par la suite, des mondes du haut au vent puissant, jusqu'au profondeur du bas où tout n'est qu'obscurité et silence, nous avons vécu beaucoup d'aventures. On a été retrouver des statuettes sacrés au confins de forêts bulboniques. Démantelé un réseau de contrefaçons d'idées au sein du gouvernement parlementaire de Ut Erdam. Combattu des armées de pucerons démoniaques qui détruisaient toutes les planètes sur leur passage.
Je ne sais pas exactement combien de temps nous sommes resté dans ce microcosme, j'avais oublié de prendre ma montre, mais je dirais l'équivalent de plusieurs vie.
Au bout d'un moment, nous avons voulu revenir au saloon où tout avait commencer, mais cette partie de l'univers n'existait tout simplement plus. Ça nous a pour le moins étonné. Par la suite nous nous sommes rendu compte que d'autres parties de l'univers avait l'air de disparaître, comme si il mourrait.
Alors que nous enquêtions sur ce mystère, nous nous sommes retrouvés à nous balader dans le souk de Manabouine. C'est la qu'on a revu ce mec à la toge noir. Enfin, je ne pourrais affirmer que c'était le même, mais il avait en tout cas le même symbole brodé dans son dos.
Paul La Montagne l'a interpellé, et il s'est alors mis à courir à vive allure. Édouard Michael s'était déjà mis à le poursuivre, bousculant tout les gens sur son passage, sans même s'excuser. Puis la poursuite se continua sur les toits, façon Yamakasi.
Le poursuivant s'empara d'une luge à propulsion énigmatique et s'envola. Édouard Michael s'arrêta au bord du rempart et lança :
''Oh non, cette fois tu nous échapperas pas'', avant de s'élancer à sa poursuite à dos de Oumpa-loumpah.