Futilement, j'avais fermé les yeux pendant la téléportation, et au moment de les rouvrir j'étais toujours accroché aux pieds de Édouard Michael. Par contre, nous avions vraiment été téléportés, et on se trouvait maintenant au sommet d'un autel d'une dizaine de mètres, entourés par plusieurs centaines de mecs avec des caleçons sur la tête (1).

     En voyant Édouard Michael, tout le monde s'était tu. Ils le regardaient les yeux ébahis et plein d'émotions. Édouard Michael a simplement dit : “Salut”, et ils ont tous criés et sautés de joie.

     Je me suis levé et Édouard Michael a descendu l'autel. Il s'est dirigé vers le mec qui semblait être le chef, principalement parce qu'il portait un caleçon brodé d'or et décoré de pierres précieuses sur la tête. Je l'ai suivi en remarquant que les gens m'observaient aussi bizarrement que moi je les regardait, parce que je le rappelle, ils avaient tous des caleçons sur la tête.

     Le chef a salué Édouard Michael et l'a enlacé, très heureux de le voir. Ils ont ensuite discuté dans une langue que je ne connaissais pas, peut-être du portugais ou du japonais. C'est que des exemples possibles, je sais juste que je parlais pas le portugais ou le japonais.

     J'avais un peu voyagé en Italie sans parler la langue, et j'avais appris que la communication passait aussi par d'autres choses que les mots. Bon, après c'était nettement plus simple en italien, parce qu'il fallait juste apprendre à placer les 'o' et les 'a' à la fin des bons mots.

     En voyant le regard des gens autours j'ai compris qu'ils se demandaient ce que je foutais là, et notamment le bras droit (2) du chef qui lui souffla quelque chose à l'oreille. Ces yeux se sont tournés vers moi, interrogatifs, et il sembla me demander quelque chose. Édouard Michael lui a répondu à ma place et le chef a souri de nouveau avant d'annoncer un truc en parlant très fort. Tous les gens qui avaient entendu passèrent le mot à ceux de derrière et ainsi de suite, si bien que tous les gens commencèrent à avoir l'air plus heureux de me voir également. Puis le chef s'est approché de moi avant de m'enlacer (3).

     On a eu droit à une visite de la ville, et notamment de la place “Édouard Michael” où se trouvait au centre une énorme statue de lui. Elle était en marbre blanc, et faisait au moins 150 mètres de haut. C'était très impressionnant, et prouvait la considération divine que ce peuple éprouvait pour Édouard Michael. Il était vraiment trop balèze, et je me demandais, un peu con, si un jour des gens penseraient la même chose de moi.

     Ensuite, un grand banquet fut donné en l'honneur de Édouard Michael. On a bien bu, bien mangé, on s'est bien amusé, en bref : on a bien festoyé comme on dit ici.

     C'était un vrai bonheur, surtout après n'avoir mangé que des vers depuis plusieurs semaines.

     Pour assurer le spectacle il y avait des cracheurs de spaghetti bolognaise, mais aussi des danseuses exotiques. Je dis ça d'après leur danses et leurs tenues, mais aussi parce que je me suis rendu compte que je ne savais pas du tout où on se trouvait.

     J'ai posé la question à Édouard Michael, mais à ce moment là des gardes sont venus pour nous lier les mains dans le dos.

     Nos hôtes nous faisaient prisonniers.

     J'ai regardé Édouard Michael pour savoir ce qu'il fallait faire, et il m'a fait signe de rester calme et que tout allait bien se passer.

     On a été emmené à l'autel d'où nous étions arrivés, mais cette fois le chef nous y attendait avec une grande hache de bourreau à la main.

     On nous a mis à genoux, la tête posée sur deux barils. Je regardais Édouard Michael qui avait toujours l'air serein. Moi pas trop, mais je lui faisais confiance.

     Pendant que des mecs dansaient avec de l'encens autour de nous, le chef parlait en charabia. C'était comme pour une sorte de rituel.
     Puis il a levé sa hache et j'ai fermé les yeux, mais à la place du coup de grâce j'ai entendu des bruits de combat, j'ai donc rouvert les yeux parce que j'aime les combats.

     Édouard Michael se tenait debout, la hache à la main, et bastonnait tous les gardes. Ensuite il a fait un tour sur lui même et a décapité le chef.

     Alors que la tête volait, Édouard Michael, le sourire en coin, a dit “Sacré Nic, il a vraiment cru qu'il allait m'avoir cette fois (4)”. Puis au moment où la tête a touché le sol, une sorte de vortex s'est créé au dessus du vide, et sans un mot Édouard Michael a sauté dedans.

     Je me suis alors libéré de mes liens et l'ai suivi en prenant élan sur un baril.

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(1) Ils avaient évolué depuis l'Âge de Slip

(2) En réalité dans cette culture on parle plutôt de 'Jambe droite'

(3) J'avais simplement dit que le Fan était un mec sympa, et que si il avait réussi à survivre à cette téléportation il devait être un peu balèze lui aussi

(4) Nic est l'un de mes Némésis, et il avait quand-même fait fort en créant une civilisation et une prophétie pour m'attirer