(♫ ♪ “Santiano” d'Hugues Aufray ♪ ♫)
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“Franchement y'a pire”. C'est comme cela que le Fan qualifiait la galère dans laquelle il était, mais ce n'était pas le cas de tout l'équipage.
La plupart des gens n'aimaient pas trop le fait d'être dans un vaisseau spatial totalement débile qui avançait tout doucement à la force des bras des pauvres galériens s'y trouvant. On rapporte des témoignages d'anciens incarcérés parlant d'impressions de “mouliner dans le vide”, que cela “n'avançait à rien”, voir “pas du tout”.
C'est vrai que le principe d'aviron dans l'espace ne paraît pas une grande idée, mais en réalité l'énergie mise dans la rotation de la rame était capturée pour alimenter le réacteur qui procurait la véritable impulsion qui permettait au vaisseau d'avancer. Ça n'en restait pas moins un concept con et complètement inutile, qui n'a vu le jour que parce que son inventeur était le petit neveu du ministre de la Justice et des Linquants(1).
En plus d'être une sentence improductive, il arrivait que des galériens n'aient rien à faire là. Effectivement il y avait des violeurs, des meurtriers, des joueurs de Vuvuzela,... mais il y avait aussi des innocents qui s'étaient juste trouvés au mauvais endroit, au mauvais moment.
C'était le cas de Brooz Willix, de la planète Nakatomi, que le Fan appréciait pour son sens de l'humour et d'auto-dérision. Il avait été clown dans le Cirque “Clair de Lune”, et il faisait du bon travail, mais il avait commis le crime le plus grave en témoignant contre d'autres clowns qui avaient mal tournés.
Ces clowns se déplaçaient dans les égouts pour attaquer les enfants. Alors qu'il allait les dénoncer ils l'ont fait accuser à tort du meurtre du petit Nicolas, représentant de l'Organisation des Enfants Unis, et il était alors devenu un hors-la-loi, un renégat, condamné à 1959 cycles vénériens de galère.
Des histoires comme celle-ci on en a retrouvé des centaines de milliers dans les archives galériennes, mais celle du vaisseau “Le Bounty” est devenue encore plus intéressante par la suite.
Les galères ne sont pas connues pour leurs vitesses, il leurs faut donc faire attention aux chemins qu'elles prennent pour ne pas se faire attirer par certains points gravitationnels trop puissants.
La timonier du “Bounty” n'était assez consciencieux, et il n'a pas fait attention au fait qu'une planète allait leur barrer la route et attirer la galère spatiale.
Tous les galériens ont fait de leurs mieux pour ramer et sortir de l'attraction de la planète, pour au moins l'éviter, mais ce n'était vraiment pas très efficace.
Le problème de ce genre de vaisseau est qu'il n'est pas fait pour les manœuvres parce qu'il est trop lent à réagir. Il n'était pas non plus fait pour atterrir, et il était bien parti pour se crasher.
Mais c'était sans compter sur l'exceptionnelle force du Fan.
Les officiers et gardes de la galère étaient trop paniqués pour essayer d'empêcher le Fan de faire quoi que ce soit. Il est donc sorti du vaisseau et s'est placé entre la proue et la planète alors que les deux se rapprochaient dangereusement et que la galère commençait à prendre de la vitesse.
Le Fan a alors bien préparé ses appuis, et au moment du choc il a fléchi les jambes pour amortir la chute(2).
Le choc créa un énorme cratère, et malgré la puissance de l'impact, le vaisseau resta intact. Le Fan le posa et fut applaudis par tout l'équipage du vaisseau, puis par les gens se trouvant non loin.
C'est le premier geste héroïque du Fan que nous avons répertorié.
C'est aussi la première fois où son surnom se transforma pour devenir “Le Fan-tastique”.
Ce nom fut officialisé par le fait que la foule le scandait, mais aussi parce que c'était devenu son nom de scène au cirque “Zavapa”, dans lequel il avait été employé comme “Homme le plus fort de l'Univers”.
D'après le profil psychologique que l'on a pu faire sur le Fan, il aimait beaucoup rencontrer de nouvelles personnes, et découvrir de nouveaux lieux. Avec sa nouvelle position il était heureux.
La troupe se composait de clowns, de cracheurs d'acide, de personnes issues d'expériences ayant mal tournées et qui étaient devenues des mutants, ou des chimères.
Car il y avait des créatures de toutes sortes, que le cirque récupérait à travers la Galaxie pendant leur tournée dans les différents systèmes.
La plupart étaient sauvages et très dangereuses, et pendant un spectacle qui présentait une espèce d'hydre à douze têtes et trois culs, celle-ci se déchaîna et commença à vouloir attaquer le public. Le Fan réussi à l'arrêter en la tabassant, mais pour sauver l'image du cirque il était trop tard. Les journaux et les holo-noïdes avaient titrés “Zavapa la tête”, et le cirque avait dû fermer.
Cette histoire avait toutefois attiré l'attention du propriétaire d'un autre type de cirque, qui rencontra le Fan pour le faire devenir un de ces gladiateurs.
Il accepta l'offre, car il aimait se battre, et qu'il n'avait a priori rien d'autre à faire. Il est donc parti avec son nouveau patron : le Colonel.
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1) Ce sont des préceptes anciens qui faisaient offices de lois à une époque où il n'y en avait pas. Ils sont aujourd'hui soit présents dans la loi, soit plutôt désuets.
2) Comme je lui ai appris