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IV

     Une chose est sûr, l'aventure de la toison d'or rapporta à Édouard Michael beaucoup de notoriété au près de l'équipage. La plupart le considéraient même comme le second du Capitaine Harpon, et c'était le cas du Capitaine Harpon lui-même. Je peux vous dire que celui qui n'appréciait pas, c'était Philou, l'officiel second.

     Je le surveillais donc, au cas où il ferait une connerie à Édouard Michael lorsque celui ci ne s'y attendrait pas. J'ai ainsi remarqué que j'étais pas le seul à me préoccuper de Philou, Lit Lian était aussi sur le qui vive. Le combat d'Édouard Michael contre le minotaure avait aussi réussi ce miracle : que Lit Lian apprécie quelqu'un d'autre que lui-même et le Capitaine Harpon. Ce dernier avait en effet également sauvé Lit Lian alors qu'il avait été capturé par des vikings. On dit qu'il aurait fait don de son œil droit au dieux, en échange de la compréhension de la langue nordique. Grâce à ça il a pu parlementer la libération de Lit Lian. Ce qui est con, c'est que l'un des vikings savait déjà parler sa langue, et aurait pu lui servir de traducteur...

 

     En observant Édouard Michael, j'ai aussi appris qu'on ne pouvait l'avoir par surprise, parce qu'il ne dormait jamais. C'est ainsi qu'une matinée, alors que les premiers rayons du soleil venaient à peine d'apparaître, Édouard Michael me réveilla en m'envoyant une pierre dans la vigie. Où il l'avait trouvé, jamais je ne le saurai. Mais le plus important et que c'est lui qui m'a réveillé, ce jour maudit dont je me souviendrai toute ma chienne de vie comme l'un des pires de mon existence.

     Face à nous se trouvaient deux géants des mers, emportés dans un combat épique. D'un côté, un kraken, une pieuvre géante aux tentacules longues de trente mètres et aux yeux noirs comme la nuit. De l'autre, un requin géant des temps anciens, un méga shark d'au moins cent mètres.

 

     Malgré la distance qui nous séparait d'eux, les deux titans, en se battant, nous envoyaient de gigantesques vagues qui venaient maintenant s'abattre sur la proue. Comment j'avais pu rater ça ? Heureusement qu'Édouard Michael était là.

     Ni une, ni deux, je sonnais trois fois le signal d'alarme, et tous les hommes furent branle bas de combat, près à affronter n'importe quoi... mais pas ça.
     Même le Capitaine Harpon sembla dépité en voyant dans quel purin on était. Édouard Michael observait tranquillement le combat depuis la proue, alors que tous les hommes, paniqués, s'en prenaient au Capitaine Harpon.      Il reprit ses esprits, ordonna que l'on change le cap pour partir à l'opposé, puis appela Édouard Michael pour une réunion de crise que je ne pu pas suivre. Il furent rejoint par Philou, Janeiro et Moby, notre expert en monstres marins, et accessoirement en chant.

 

     Les hommes étaient à leurs tâches, mais semblaient soucieux, en effet les monstres nous rattrapaient dangereusement. Philou sortit en trombe, et descendit sur le pont bien qu'il eu l'air très remonté.

     Il criait : “Suis je donc le dernier homme sensé sur ce bateau ? Comment pourrait-on combattre ces monstres ? Et encore plus, comment pouvez-vous penser que nous n'avons ne serait-ce qu'une chance de nous en sortir ?”

“À un moment il faut arrêter de se poser des questions, et essayer de trouver des réponses.” répondit calmement Édouard Michael.

“As-tu perdu tes couilles, Philou ? Parce que j'en ai perdu une au Vietnam, mais il apparaît que j'en ai toujours plus que toi.” dit simplement le Capitaine Harpon. “Peut-être devrais je nommer Édouard Michael pour prendre ta place en tant que mon second ?”

“Faites donc ce que vous voulez, qu'est-ce que je pourrais en avoir à faire ? En suivant vos commandements, ne sommes nous tous pas voués à mourir ?”

“What a Dick” dit Moby, avec son accent rosbif. “Notre seule chance est de faire demi tour pour passer au travers du combat, et ainsi pouvoir s'en échapper de l'autre côté.”

“Mais n'est-ce pas de la pure folie ? Mes camarades, mes amis, avez vous vraiment envie de suivre les ordres délirant d'un homme qui ne l'est pas moins ?” lança Philou d'un ton théâtral, en désignant le Capitaine Harpon.      Un tonnerre de murmures suivit cette déclaration, et le Capitaine Harpon y coupa court :

“Ah, Philou, p'tit filou. Tu serais vraiment prêt à démarrer une mutinerie, maintenant ?”

“On peut pas reprendre cette discussion plus tard, plus tard, quand on sera sorti de la berge ?” demanda inopinément Janeiro.

“Qu'en dit Édouard Michael ?” demanda Gégé, et ce fut le silence. Tous les regards se tournèrent vers Édouard Michael, qui n'avait pas l'air d'avoir vraiment suivi la conversation, mais regardait toujours le combat titanesque qui se rapprochait dangereusement. Il se tourna tranquillement vers l'équipage et dit tout aussi tranquillement, d'un ton déterminé :

“J'en dit : allons nous approcher de ces créatures, je suis curieux de les voir de plus près.” Un sourire en coin se dessina sur son visage, et tous les hommes se mirent en place pour changer de cap, encore, et se préparer à passer ce que Rocco, notre homme à la barre, a défini comme mille fois plus dur que le cap Horn.

 

     Plus on s'approchait des deux monstres, et plus ils paraissaient énormes. Philou fut repris d'une crise, mais Lit Lian, à l'aide de sa prises à l'épaule dont il a le secret, y mit fin avant même qu'elle ne commence, et Philou resta couché là.

     On se retrouva très vite dans des remues atteignant deux fois la taille du bateau, et Moby sembla d'un coup découragé de pouvoir passer par là :

“Fuck, je ne pensais pas qu'ils se battaient avec autant d'énergie” dit-il.

“Ouais, à moins de trouver un trou, ça va être la merde pour passer” répondit Rocco.

“Et si il y avait un opposant en moins, ça passerait mieux ?” demanda Édouard Michael, accroché au bastingage.

“Oui, je suppose” répondit Moby. Sur ces mots, Édouard Michael plongea dans la mer déchaînée.

     Tout le monde se demandait qu'est-ce qui lui était passé par la tête, et moi le premier. Du haut de ma vigie je voyais que t'chie. Mais au bout d'un moment, la pieuvre géante sembla se stopper, puis ses tentacules tombèrent tout autours du navire. Les conséquences furent des vagues encore plus grosses que précédemment, qui firent bringuebaler le bateau jusqu'à me faire pratiquement toucher l'eau. Autant vous dire qu'il a fallu que mon cœur et moi soyons bien accrochés. Puis, quand ça s'est calmé, et que ce monstre fut presqu'immergé, j'ai pu voir Édouard Michael, aidé de son épée, sortir de l’œil de la gigantesque créature, avant de nous rejoindre à la nage.

     Il nous raconta plus tard qu'il avait en fait plongé dans le but de se faire avaler par la pieuvre géante, et ainsi atteindre directement son cerveau qu'il a charcuté(1).

 

     Pendant la débandade, qui n'affecta aucunement Rocco, les énormes vagues faites par les tentacules avait envoyé quelques hommes par dessus bord. Quelques uns purent être sauvés, mais le Capitaine Harpon, qui faisait parti des hommes à la mer, n'était visible nul part. C'est alors qu'Édouard Michael, qui avait visiblement une vue encore plus perçante que moi, l'aperçu accroché par son crochet sur le dos du mega shark qui s'éloignait. On le prit en chasse, mais il plongea dans les profondeurs, emportant avec lui le Capitaine Harpon dans un dernier ''Argh''.

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1) J'avais choisi de tuer la pieuvre géante, plutôt que la requin, parce que l’œsophage de la pieuvre passe au milieu du cerveau, et ça m'a parût plus pratique...

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