VI
Revoir tout ces événements dans ma tête pendant que je les écris est assez intéressant, et me fait me poser quelques questions sur notre Capitaine, Édouard Michael...
D'année en années, le Capitaine Édouard Michael nous a amené à participer à des aventures de plus en plus balèzes, et je ne vais pas vous mentir, parfois nous nous sentions dépassés. Malgré tout nos objets magiques, notre vigueur augmentée grâce à la Fontaine de Jouvence et l'expérience engrangée, il y a des moments où il nous poussait tellement à bout que certains en sont morts...
C'est un risque à prendre quand on voyage avec Édouard Michael. Sa curiosité nous amène à parfois voguer dans des eaux troubles. C'est ainsi que nous avons eu à faire face à une épidémies de zombies, à bord même du navire, après avoir abordés le légendaire bateau fantôme : “Le Hollandais Volant”.
Une froide nuit d'hivers où on se pelait le jonc, le Capitaine Édouard Michael était comme à son habitude perché sur la figure de proue, nouvellement taillé en forme de banane par les villageois africains sauvés plus tôt dans cette histoire. Tout à coup une brume sortit de nulle part et nous encercla, suivie par le navire fantomatique sus nommé plus haut. On s'en rapprocha, sur ordre du Capitaine Édouard Michael, même si notre instinct nous criait de partir en sens inverse. Puis, arrivé à environ 20 mètres de ce bateau qui semblait flotter au dessus de l'eau, Édouard Michael sauta sur le pont fantomatique. Nous nous attendions tous à le voir atterrir dans l'eau, mais le pont sembla le soutenir. C'est alors que l'équipage de fantôme apparut, comme sorti de nul part. Je peux vous dire que si j'avais eu envie de chier à ce moment là, j'aurais fait dans mon froc...
Le Capitaine Édouard Michael était encerclé, mais il préférait rester accroupi et étudier le sol translucide. L'autre Capitaine, aussi translucide que le reste du bateau, fit son apparition, et s'approcha de notre Capitaine.
“Tiens, tiens, tiens... ne serait-ce pas ce bon Capitaine Édouard Michael ?”
Cette phrase eu pour effet d'intriguer notre bon Capitaine Édouard Michael.
“Alors, on s'en est finalement bien sorti depuis la dernière fois ?” continua le Capitaine.
“Je m'en sors toujours, oui. Mais je ne crois pas qu'on se soit déjà croisé, et j'ai une mémoire infaillible...” répondit Édouard Michael.
“Tiens, tiens... ça c'est étrange. J'avais pourtant cru faire une grande impression, et à l'époque, c'est toi qui connaissais mon nom”
“Ah..” répondit simplement le Capitaine Édouard Michael.
“Capitaine Davy Criquet, ça ne te dit rien ?” demanda le Capitaine Davy Criquet, qui effectivement avait un gueule de sauterelle.
“Que dalle” dit le Capitaine Édouard Michael.
“Tiens ?” se dit le Capitaine Davy Criquet, et à ce mot, tous ses hommes se jetèrent sur le Capitaine Édouard Michael. Ce dernier dégaina son sabre et para le premier coup, ce qui parut étonner l'assaillant qui se prit une grosse mandale dans la gueule. Les autres attaquèrent de plus belle.
Lit Lian a voulu aller aider Édouard Michael, mais il traversa simplement le bateau fantôme et se retrouva à la flotte.
Le Capitaine Édouard Michael s'en sortait très bien, et très vite il ne restait plus que le Capitaine Davy Criquet debout, entouré de fantômes éclopés. Il avait l'air terriblement terrifié alors que le Capitaine Édouard Michael s'approchait de lui, de l'ectoplasme coulant le long de sa lame.
Davy Criquet prit son courage à deux mains, ainsi que son tomahawk, et tenta d'asséner un coup à notre Capitaine Édouard Michael, mais celui ci para ce coup aisément et désarma son adversaire.
“Comment est-ce possible ? Comment un mortel peut il battre mon équipage de fantôme ?” demanda t-il, la lame d'Édouard Michael lui chatouillant la pomme d'Adam. Puis ces yeux sont tombés sur cette lame.
“Où as-tu trouvée ce sabre ? Il était censé être caché jusqu'à la fin des temps !” dit il, “Mais j'imagine que ça n'a plus d'importance, étant donné que tu as un pouvoir qu'aucun homme n'a jamais eu sur moi, celui de me tuer. En même temps j'aurais dû me méfier, la dernière fois qu'on s'est vu, tu m'as dit que la prochaine fois qu'on se verrait tu me tuerais.”
“Si je l'ai dit” dit le Capitaine Édouard Michael, avant de lui trancher proprement la gorge.
Le Capitaine Davy Criquet tomba à genou en se tenant la gorge d'où dégoulinait de l'ectoplasme fumant, et tandis qu'il commençait à disparaître, littéralement, le bateau et l'équipage aussi. Puis l'épée d'Édouard Michael explosa, et par ma corne, tout disparut, y compris la brume.
Quelques temps après nous avons été pris dans une tempête, au larges des Bahamas. Des éclairs jaillissaient de partout, et allaient dans toutes les directions. Ce n'était pas une tempête naturelle, ça non, elle était surpernaturelle. Après tout, nous étions dans le Triangle des Bermudes.
En plus du tonnerre, d'étranges machines volantes faisaient un boucan du diable en nous passant au dessus de la tête. On aperçu aussi voleter au milieu de tout ça, une sorte d'énorme ballon, avec dessous un panier où on pouvait apercevoir dedans un homme et demi.
Puis, au milieu de la brume, il réapparut : “Le Hollandais Volant”, ce bateau fantomatique avec son équipage qui ne l'était pas moins et au milieu, le Capitaine Davy Criquet.
“Ohé, du bateau, du bateau !” cria Janeiro.
Comme par magie, le bateau s'approcha de nous, contre le vent.
“Tiens, tiens, tiens... qu'avons nous là ?” dit le Capitaine Davy Criquet. Édouard Michael s'avança et lança :
“Ah ! Comme vous nous l'annoncerez, nous nous revoyions, Capitaine Davy Criquet”
“Tiens, tiens... Je ne comprend pas bien votre phrase, monsieur.. ?”
“ 'Capitaine' Édouard Michael. Vous la comprendrez peut-être plus tard, en attendant, nous allons passer notre chemin. À la prochaine”
“Ah tiens... et vous pensez pouvoir vous en tirez comme ça ?” Sur ses mots, tous ses hommes se lancèrent sur le pont de notre navire. Ils volèrent sur nous comme une flopée d'hirondelles, qui traverseraient les murs au lieu de se prendre les vitres.
On ne pouvait rien contre eux, nos armes ne faisaient que les traverser, et rien ne stoppait les leurs. Même Édouard Michael ne semblait rien pouvoir faire face à eux. Et alors qu'il montait vers Rocco, et évitait tous les coups, il fut encerclé. Ses assaillants allaient le frapper en même temps, quand Janeiro intervint pour les faire chier. Édouard Michael put s'échapper, mais pas Janeiro.
Le Capitaine parla alors avec Rocco, et tandis que ce dernier récitait une sorte d'incantation magique, Édouard Michael récupéra le corps inerte de Janeiro et lança au Capitaine Davy Criquet :
“Hey Davy ! La prochaine fois qu'on se voit, je te tue !”
Nous avons alors disparu, pour nous téléporter je ne sais où. Mais si je ne voyais pas où nous étions, je voyais très bien le visage sombre du Capitaine Édouard Michael, qui tenait encore dans ses mains le corps mort de son ami.